La construction face aux défis du changement climatique

Canicules, tempêtes, inondations… Partout dans le monde, le dérèglement climatique provoque des phénomènes de plus en plus intenses et fréquents. Les conséquences sont nombreuses pour la planète, pour les habitants mais aussi… pour nos bâtiments ! Alors, comment construire ou rénover en tenant compte de l’aléa climatique ?

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Des bâtiments plus résilients et résistants
Le risque climatique demande de repenser la construction en systématisant des solutions durables en termes de vitrage, d’isolation, de façade, de structure et d’étanchéité à l’air.

C’est désormais une certitude : le réchauffement climatique est en marche, et le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (le Giec) tire la sonnette d'alarme. Selon son dernier rapport, les catastrophes naturelles vont se multiplier partout dans le monde, d’ici 2050. Inondations, vague de chaleur, ouragans… Outre son impact sur l’environnement et les habitants, le dérèglement climatique questionne la vulnérabilité de nos bâtiments et leur capacité à subir des événements de plus en plus intenses et fréquents. Tous les pays sont concernés, l’hémisphère nord comme l’hémisphère sud, les pays tropicaux comme les zones tempérées. Voilà pourquoi, construire en fonction du changement climatique n’est plus une option mais un impératif à prendre très au sérieux pour bâtir le monde de demain. Se posent alors plusieurs problématiques : comment adapter le bâti au climat ? Quelles solutions de construction mettre en œuvre ? Quelles pistes pour la rénovation ?

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Isoler pour se protéger des températures extrêmes

Dans un futur proche, les températures extrêmes pourraient devenir fréquentes, même dans les zones habituellement tempérées. Voilà pourquoi l’isolation de l’enveloppe de nos bâtiments devient un élément-clé. Plus particulièrement dans les pays du Proche Orient et de l’Asie du Sud-est qui vont devoir apprendre à mieux gérer l’air conditionné. « C’est un vrai sujet de réflexion, car en même temps que les les températures augmentent et avec elles le besoin d’électricité – notamment pour rafraîchir l’air – celle-ci devient rare et plus chère, du fait d’une baisse des subventionnements gouvernementaux qui maintenaient les prix bas depuis des décennies, prévient Gilles Leva, Directeur Adjoint Marketing & Développement de Saint-Gobain. Partout, la consommation explose, entraînant une inflation galopante. » Alors que faire pour se protéger efficacement des vagues de chaleur, tout en limitant la demande de clim’ » ? La bataille va se jouer sur la bonne isolation de l’enveloppe des bâtiments et sur le vitrage. Les pays chauds devront, par exemple basculer nécessairement sur du double vitrage et même de plus en plus sur des vitrages dynamiques, capables d’adapter automatiquement leur teinte à l’ensoleillement, augmentant ainsi le confort des occupants, sans occulter la vue. C’est en tout cas la prouesse que propose le verre SageGlass, créé par Saint-Gobain.

 

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Le choix des matériaux va également devenir crucial. Au verre, ciment et béton, on privilégiera des revêtements réfléchissants, pour renvoyer la chaleur vers le haut, mais aussi des matériaux de couleurs claires ou des façades végétalisées qui évitent une trop forte accumulation de la chaleur pendant la journée, avec un relargage pendant la nuit.

Quel que soit le pays, chaud, tempéré ou tropical, l’enjeu sera aussi de toute façon d’éliminer les ponts thermiques et d’assurer une excellente étanchéité à l’air. Ce qui implique un renouvellement d’air à double flux, pour garantir la qualité de l’air à l’intérieur des logements.

 

Résistance des matériaux contre les ouragans

Outre les températures extrêmes, les tempêtes et ouragans constituent un autre risque avéré. Exposés aux vents violents, les toitures, les façades peuvent subir d’importants dégâts. Pour limiter la prise au vent, les acteurs de la construction vont devoir porter une attention particulière à la résistance des matériaux et des systèmes. Aux oubliettes, le système traditionnel d’isolation par l’extérieur des maisons et petits immeubles, fait d’isolant en polystyrène recouvert d’enduit ! D’ailleurs, bien trop légers en cas de vents violents, ils sont formellement interdits le long des côtes norvégiennes. Là-bas, les constructions sont plutôt dotées de façades ventilées. Soit un mur, un isolant, une lame d’air et un bardage maintenu par des fixations métalliques renforcées. Les avantages de cette solution sont nombreux : telle une carapace, le bardage fait barrage, tandis que la lame d’air protège l’isolant et assainit les murs.

Souvent accompagnés de fortes précipitations, ces épisodes posent aussi la question du revêtement en façade. Plus il sera étanche, plus longtemps le bâti gardera son intégrité. Des enduits, comme Aquabalance 2.0 de Weber, permettent de plus de lutter efficacement contre l’humidité stagnante sur le mur et la propagation de mousse sans utilisation de biocide. « En parallèle, dans les pays qui ont pour tradition de construction à partir de structures en bois, de plus en plus souvent les rez-de-chaussée seront construits en solide, pour mieux résister à l’humidité voire aux inondations », complète Gilles Leva.

Plus rare mais tout aussi dévastateur, le risque sismique ne doit pas être minimisé. Il questionne, là encore, la structure du bâtiment, et plus précisément sa flexibilité et sa légèreté. Cette fois-ci, pas question d’utiliser des matériaux lourds, qui risqueraient de causer d’énormes dégâts. L’idée est plutôt de rendre l’immeuble plus flexible, pour accompagner le mouvement. Un peu comme un roseau qui ploie, mais ne rompt pas. Au Japon, par exemple, les structures bois des immeubles intègrent un système ingénieux de câbles : en temps normal, les câbles sont tendus pour bien rigidifier l’ensemble. Mais lors de séismes, on les relâche, afin que l’immeuble gagne en flexibilité et accompagne la secousse. « Qu’on ne s’y trompe pas ! La notion de structures légères n’est pas incompatible avec la notion de résistance, explique Gilles Leva. Bien au contraire ! Les structures bois et métal ont bien des qualités face à certains épisodes violents. En outre, elles permettent de construire, déconstruire et reconstruire plus vite et de façon vertueuse. »

Si l’ampleur du changement climatique impose de nouvelles normes de construction, elle demande aussi une profonde réflexion sur la rénovation des bâtiments. Des solutions comme le double/triple vitrage, l’enduit protecteur ou le bardage peuvent être mises en œuvre facilement. L’isolation et le confort thermique peuvent également être optimisés à des coûts raisonnables, grâce au préfabriqué. Ainsi, la société allemande Bruggemann a développé une isolation par l’extérieur, comme une seconde peau, qui vient se coller sur les murs neufs des immeubles.

 

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Mais on le voit, au-delà de la rénovation, c’est toute la ville et notre approche de la construction qui doivent être repensées pour faire face aux défis que pose le dérèglement climatique. Cela passe par la construction de villes moins minérales, ponctuées de bâtiments modulables, réversibles, pensés pour la multitude des usages à venir.

 

 Crédits photos Tom Wang/Shutterstock et Roman023_photography/Shutterstock 

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